Le jour d'après ?

Cette éventualité plongerait l’atlantique nord dans un nouvel âge glaciaire...
Une « surprise climatique » supplémentaire dans la longue liste des incertitudes qui pèsent sur le climat de demain…
Alors, finis le réchauffement pour nous ? Le retour de la neige en hiver ? La fin de la transpiration pour moi l’été ? Dans les profondeurs de l’Océan Atlantique, une machine infernale s’est-elle mise en route ? J’ai voulu en savoir plus. Et ça craint quand même...

Le côté masochiste des Américains dans leurs films faisait plus rigoler que vraiment peur.
En fait, le sujet du film sortait d’un rapport du Pentagone de 2003 sur les implications d’un « brusque changement climatique » sur la sécurité nationale des États-Unis.
Et le Pentagone n’écrit pas que des rapports truqués sur les armes de destruction massive en Irak, en Iran ou en Corée du Nord.
Il travaille aussi sur des scénarios beaucoup plus effrayants que ça, même pour les industriels du pétrole.
La conclusion de leur rapport laisse songeur :
« Avec au moins huit brusques changements climatiques répertoriés dans les relevés géologiques, il semble qu'il vaille mieux s'interroger sur quand cela se passera, quelles en seront les répercussions et comment nous pouvons nous y préparer au mieux, plutôt que de savoir si cela va vraiment avoir lieu. »
Bref, c'est un peu comme l'inondation de Paris et le tremblement de terre de Los Angeles...
Au menu du Pentagone, hormis les conséquences géopolitiques du changement climatique (crise franco-allemande pour la maîtrise du Rhin...) sécheresses, crises internationales pour le contrôle de l’eau, vents violents, faiblesse des récoltes, famines, migrations de population, renchérissement des matières premières, incidents et conflits qui pourraient se produire faute de capacité de charge* de notre planète à nous nourrir. Comme toujours, les pays les plus riches s’en sortiraient le mieux.
Le programme pour l’Europe...
Durement frappée par le changement climatique, avec une moyenne annuelle des températures qui chutent de 3,3 °C en moins d'une décennie et des écarts plus importants encore le long de la côte nord-ouest. Le climat en Europe du Nord-Ouest est plus froid, plus sec et plus venté, la faisant davantage ressembler à la Sibérie. L'Europe du Sud connaît de moindres changements, mais souffre néanmoins par moment de brusques refroidissements et de rapides changements de température. La réduction des précipitations fait de l'appauvrissement du sol un problème dans toute l'Europe, contribuant à la pénurie alimentaire. L'Europe lutte pour contenir l'émigration des nations scandinaves et de l'Europe du nord à la recherche de chaleur, ainsi que pour refouler l'immigration issue des pays gravement touchés en Afrique et ailleurs.
Pas vraiment réjouissant, tout ça... Je vous encourage à lire l’intégralité du rapport. Ça vaut son pesant de cacahouètes...
Car le dernier coup de froid enregistré dans les glaces du Groenland et en Europe s’est produit non pas en période glaciaire, mais il y a 8 200 ans au coeur de la période chaude actuelle. Il résulte d'un apport massif d’eau douce dans l’Atlantique Nord depuis la baie d’Hudson. Cet évènement montre que, même en période interglaciaire, l'augmentation d’eau douce peut causer un refroidissement significatif (— 5 °C pendant 40 à 200 ans) (Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, 11/2004).
C’est sur la base cet épisode glaciaire vieux de plus de 8000 ans et sur le « petit âge glacière » du Moyen-âge que s’appuie le rapport du Pentagone. S’il se reproduisait, le réchauffement climatique actuel serait fortement atténué, voire inexistant, en Europe occidentale.
Quelques définitions :
Le Gulf Stream fait partie d’une boucle de courant océanique entraînée par les vents, qui part de la Floride, traversant l’atlantique nord dans le sens des aiguilles d’une montre (gyre subtropicale). Les masses d’eau relativement chaudes et salées déplacées en surface vers le nord par un ensemble de courants prolongeant le Gulf Stream (dérive nord-atlantique) jusqu’au Spitzberg subissent ensuite des échanges avec l’atmosphère avant de repartir vers le Sud.
La circulation thermohaline circulation à grande échelle dans l'océan mondial lié à la température et à la salinité des masses d'eau. Les eaux, refroidies et salées plongent au niveau des hautes latitudes (au large de la Norvège et du Groenland). Elles sont réchauffées dans les Tropiques, et remontent alors à la surface, où elles se refroidissent, et ainsi de suite.
L'effet du Gulf Stream
La dérive nord-atlantique qui adoucit le climat de l'Europe occidentale transporte une partie de la chaleur tropicale du golfe du Mexique vers l'Atlantique Nord, c'est la prolongation du Gulf Stream. Ce courant contribue au climat modéré de l'Europe maritime et continentale que nous connaissons.
Le Gulf Stream se divise en deux flux de retour. Le premier — qui circule dans le sens des aiguilles d'une montre — est constitué d'un courant de surface chaud, qui descend vers les côtes de l'Afrique de l'Ouest pour revenir ensuite vers l'Amérique centrale. Le second monte vers l'Atlantique Nord, s'y refroidit et, ayant ainsi acquis une densité supérieure, plonge pour se transformer en courant profond. Ces eaux profondes retournent quant à elles à leur point de départ en descendant le long des côtes nord-américaines.
Au niveau planétaire, les eaux de surface des mers de Norvège et du Labrador, plus salées avec la formation de glace, plongent entre 2 000 et 4 000 mètres de profondeur (on parle de l'Eau profonde Nord Atlantique) et circulent lentement vers les autres bassins océaniques. Dans le même temps, les eaux tropicales chaudes de surface remontent notamment vers le pôle Nord. Cette circulation lente (environ 1000 ans) atténue les différences de températures entre les latitudes.
Ce qui se passe actuellement, rapporté dans un commentaire publié par Nature il y a plusieurs mois.
« Les implications de ces observations sont considérables », estime Detlef Quadfasel, chercheur à l'institut d'océanographie de l'université de Hambourg (Allemagne). « Les relevés paléoclimatiques montrent que les températures de l'hémisphère nord peuvent s'effondrer de plus de 10 °C en quelques décennies et que ces changements abrupts sont intimement liés à des interruptions de la circulation océanique. »
Lorsque la banquise fond, elle introduit un surplus d'eau douce qui pourrait contribuer à freiner la circulation thermohaline qui redistribue la chaleur sur Terre.
La circulation thermohaline, qui transporte de la chaleur vers le nord, est un phénomène initié par des courants verticaux de densité. Ces courants se produisent afin de rétablir un équilibre entre les couches superficielles de l’océan Atlantique Nord (au Labrador notamment), froides et salées, donc très denses et par conséquent descendant en profondeur, et les couches basses, plus chaudes et moins denses qui ont tendance à remonter vers la surface.
Or, chutant de 20 millions de m3 par seconde à seulement 14 millions, la circulation thermohaline montrerait un déclin d’environ 30 % du flux océanique « général » ainsi que des changements de la circulation de retour en profondeur. En particulier, le flux dans la partie la plus enfouie du courant de retour, entre 3000 et 5000 mètres sous la surface, s’est réduit.
La raison : le réchauffement de la planète, dû aux émissions de gaz à effet de serre, entraînerait une augmentation des précipitations en surface, diminuant la densité de la couche d’eaux froides de surface qui alors a moins tendance à « plonger ».
En affectant la circulation thermohaline, donc en réduisant la quantité de chaleur transportée vers le Nord, cette modification des flux verticaux pourrait engendrer un rafraîchissement dans l’océan Atlantique Nord de 2°C environ.
Le pire n’est jamais sûr, mais le scénario du Pentagone prend forme... Pour quand ? Thalassa parle d’après 2050. Depuis la sortie du rapport, les Américains de la Nouvelle-Orléans ont essuyé un ouragan dévastateur qu’ils n’avaient pas prévu. Et dès qu’arrive l’été, ils serrent les fesses...
Impossible de le prévoir. Comme de prévoir la fin du cycle une fois que celui-ci ce sera produit... Sympa de ne pas connaître la fin, non ?
*la capacité de charge représente l'aptitude de la Terre et de ses écosystèmes familiers, qui incluent les systèmes sociaux, économiques et culturels, à assurer la subsistance d'un nombre fini de personnes sur la planète.