Les pieds dans l'eau ?

Ce serait pour bientôt si l'on se réfère aux dernières études américaines... On a encore le temps de s'acheter des bottes en caoutchouc (ou un Zodiac pour les plus pessimistes).
L'occasion pour tout le monde d'habiter au bord de la mer. Bonne baignade !
La température terrestre a grimpé au plus haut niveau depuis près de 12000 ans, et ce, durant les trente dernières années, indique une étude publiée, mardi 26 septembre, dans les annales de l'Académie nationale américaine des sciences et réalisée par des chercheurs américains, dont l'un des principaux climatologues de la NASA, l'agence spatiale américaine.
La Terre se rapproche de ses températures les plus élevées depuis un million d'années, estiment plusieurs spécialistes du climat dans une étude publiée par l'Académie américaine des sciences.
Selon James Hansen, spécialiste de la Nasa, et les coauteurs de cette étude, les températures moyennes relevées en 2005 ne sont inférieures que de 1 °C aux températures maximales du million d'années écoulées.
Depuis trente ans, ajoutent-ils, la température de la Terre a gagné 0,2 °C par décennie.
Conséquence de ce réchauffement climatique rapide, notre planète n'a jamais été aussi chaude au cours des 12000 dernières années.
« Cette évidence implique que nous nous rapprochons de niveaux de pollution d'origine humaine dangereux », souligne James Hansen dans un communiqué, ajoutant que les émissions humaines de gaz à effet de serre sont devenues ces dernières décennies le principal facteur du changement climatique.
Ce réchauffement climatique commence à avoir des effets notables sur la faune et la flore. Selon une étude publiée en 2003 dans le magazine Nature, 1700 espèces animales et végétales se sont déplacées vers les pôles à la vitesse moyenne de 6 km/décennie dans la deuxième moitié du XXe siècle.
« Un réchauffement supplémentaire de 1 °C nous ferait passer à un niveau critique », poursuit James Hansen. Si le réchauffement atteint 2 ou 3 °C, la Terre deviendrait « une planète différente de celle que nous connaissons. La dernière fois que la planète était aussi chaude au milieu du Pliocène, il y a environ trois millions d'années, le niveau des océans était environ 25 mètres au-dessus de celui d'aujourd'hui, selon les estimations. »
Le réchauffement est plus prononcé en allant vers l'Arctique où la fonte des glaces et des neiges met à nu le sol et les roches plus sombres qui absorbent de ce fait davantage la chaleur du soleil, amplifiant le phénomène, note l'étude.
En revanche, les océans se réchauffent moins vite grâce aux échanges thermiques avec les eaux froides en profondeur.

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Les photos satellites prises par l'agence spatiale européenne (ESA)  révèlent une calotte glaciaire arctique très fragile. En haut, vue en août 2005, en bas un an plus tard.
Selon Mark Drinkwater, un des responsables de l'analyse des images, cette photo montre que les tempêtes de l'été ont eu un effet dévastateur sur une partie des glaces pérennes.
Une large zone fracturée s'étend depuis l'archipel du Spitzberg en Norvège jusqu'au nord de la Sibérie
(en jaune et vert sur la photo) en passant par le pôle, prouvant que l'épaisseur de la glace solide a nettement diminué à cause du réchauffement climatique.
Les scientifiques évaluent à près de
10 % la surface de banquise fragilisée.
La calotte glaciaire arctique a nettement diminué depuis les années 80, passant de 8 millions de km2 à 5,5 km2.
De quoi imaginer à terme une nouvelle route maritime entre l'Europe et l'Asie.

MAJ : vu dans Libé aujourd'hui

James Hansen est un emmerdeur. C'est ce que doit penser George W. Bush. Climatologue au Goddard Institute for Space Studies, ce scientifique respecté a publié hier un article titré :
« Global temperature change », qui tire de nouveau la sonnette d'alarme : « Un réchauffement planétaire de plus de 1 °C, par rapport à l'an 2000, constituera un changement climatique dangereux. » 
La probable grogne de Bush, qui a toujours refusé d'adopter la moindre politique contraignante contre le réchauffement, s'explique.
Déjà, en février, Hansen avait provoqué une polémique lorsque son travail sur les températures planétaires en 2005 était en bonne place sur le web de la Nasa. Logique, puisqu'il y travaille.
Sauf qu'un fonctionnaire de la Maison Blanche avait demandé à l'agence de retirer l'article, puisqu'il contredisait la politique de son patron...
Selon lui, la période 2000-2005 et l'amélioration des mesures effacent les doutes des années 90 sur l'influence des émissions de gaz à effet de serre sur le climat.
« Le meilleur résumé est : un réchauffement planétaire lent, avec de grandes fluctuations, du début du siècle à 1975, suivi par un réchauffement rapide, à 0,2 °C par décennie », dit-il.
L'année 2005 joue un grand rôle dans cette conviction. En l'absence d'El Niño dans le Pacifique et en période de minimum d'activité solaire, elle aurait dû faire partie des années froides... Elle détient pourtant le record de chaleur depuis 1880, selon les thermomètres.
Pis : les climatologues sont de plus en plus persuadés que les deux dernières décennies sont les plus chaudes depuis la fin de la dernière période glaciaire, il y a 12000 ans.
Quant à la répartition géographique du réchauffement ­ plus fort aux pôles et moins sur les océans - elle correspond à celle que les scientifiques avaient prévue.
Ce changement est-il
« dangereux » au point de justifier des mesures réduisant l'usage des combustibles fossiles (gaz, charbon, pétrole) ?
« Oui », répondent Hansen et son équipe, en pointant deux des conséquences attendues : l'élévation du niveau de la mer et la diminution de la biodiversité, en raison des variations trop rapides des zones bioclimatiques.
Des phénomènes d'autant plus intenses que les émissions de gaz à effet de serre seront élevées.


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