Ablation !
18/02/2007 19:17 Filed in: Humeurs

Six heures de sommeil, c'est un peu léger.
L'infirmière me demande quand j'ai pris mon dernier repas et si mes poils avaient repoussé depuis la dernière fois... Je lui réponds qu'heureusement... Pas fou, fort de l'expérience du rasage mongol de juillet, je me suis rasé moi-même la jambe avant de me coucher. Un homme avec les jambes rasées, ça ne le fait pas, alors avec une seule...
Vue de ma chambre, l'aube est magnifique, rose et bleue.
Je me douche à la bétadine. Un écriteau signale « d'insister sur l'anus » (pour ceux qui ne parlent pas le latin, l'anus, c'est le trou du cul...). J'insiste lourdement... On ne plaisante pas avec les maladies nosocomiales.
Lavé, j'ai une bonne heure à tuer. J'en profite pour lire un article sur le bouquin de Jacques Chirac écrit par Pierre Péan.
Lorsqu'on vient me chercher pour me conduire au bloc, je réalise que c'est peut-être le dernier truc que j'aurai lu et je trouve ça très con...
Pour la deuxième fois l'infirmière qui doit me poser la perfusion loupe son coup... Pas de bol... Elle s'y reprend à deux fois pour finalement laisser sa collègue finir le travail...
On est brave, mais faut pas abuser. Ça fait quand même super mal à cet endroit de la main. On en avait parlé avec Michel dans la voiture le matin même : lorsqu'elles ne savent pas piquer, c'est pour la vie... Bon courage pour les prochains patients.
9 heures : J'entre au bloc.
Il fait super froid et je suis à moitié à poil... Je comprends pourquoi on m'a demandé si je n'avais pas la crève. En sortant, je l'aurai sûrement...
Je ne reconnais pas le docteur Sade avec son masque (ils en portent tous à cause de leur mauvaise haleine de chacal à 9 heures du mat'). Il annonce à l'anesthésiste en avoir pour une demi-heure. C'est parti pour trente minutes d'anesthésie. Je sens la chaleur envahir mon bras, mon corps.
Puis plus rien. Le trou noir.
10 heures 30 : Je reprends mes esprits en salle de réveil. J'ouvre un oeil. J'ai Watching The Dectectives d'Elvis Costello dans la tête. C'est le dernier morceau que j'ai écouté en arrivant chez moi. Il résonne plein tube dans ma tête.

Il me demande si j'ai mal. Je ne sais pas encore, mais je réponds que oui.
J'ai envie d'avoir ma dose de morphine remboursée par la Sécu, en espérant que ce sera la dernière que je prendrai. J'en réclame une bonne dose supplémentaire un peu plus tard lorsque l'on m'apprend qu'une fois en chambre, je n'aurai plus rien.
Je m'écroule tout le reste de la journée. À deux heures, la perf' fuit. Il me l'enlève. On m'autorise à pisser. J'ai super envie, mais impossible d'uriner.
Je meurs de soif alors je m'enfile tout le pichet d'eau qu'on m'apporte avec mon « repas ».
17 heures : j'ai le droit de sortir après quelques instructions d'usage dont je ne me rappellerai plus deux heures plus tard. Aucune trace de mon chirurgien...
Retour à la maison. Une soupe et au lit.
À cinq heures du matin, la morphine cesse son effet. Et là, c'est horrible. Impossible de bouger un orteil sans hurler. Je m'avale deux antalgiques à 10 heures et pionce jusqu'à 13 heures.
Je rêve que je suis pieds nus dans la neige et qu'on m'a piqué mon Swell et mes bottes de snow dans le télécabine (les oreilles et la queue ?). J'ai bien les boules et ça me réveille.
Je redors toute la journée de samedi.
Dimanche soir, j'ai moins mal, mais je n'arrive pas à marcher. Dur de reprendre les cannes...
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